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vie des idees - Page 2

  • La Vie des idées : Militantisme et alimentation alternative aux États-Unis Entretien avec Julie Guthman

    Les mouvements pour une alimentation alternative sont-ils une panacée contre l’obésité, les problèmes de santé d’origine alimentaire et la mauvaise alimentation ? Nul besoin d’être réactionnaire pour voir les limites de cette proposition ; difficile pourtant de renoncer à cette croyance. Julie Guthman, dont le travail a presque à lui seul inauguré la recherche scientifique sur ces questions, nous aide à comprendre pourquoi.

    Julie Guthman est géographe et travaille sur la nutrition, les pratiques agricoles, et les mouvements alimentaires à l’Université de Californie à Santa Cruz. Son travail fait l’objet d’une attention considérable depuis que son premier article sur ces sujets a été publié en 1997. A partir de l’étude des contradictions de l’industrie du bio, elle produit une œuvre qui replace le mouvement pour une alimentation alternative dans les contextes locaux, régionaux et mondiaux, et propose une critique vigoureuse, quoiqu’amicale, de ce qui est devenu un phénomène culturel dynamique aux Etats-Unis. Elle a publié Agrarian Dreams : the Paradox of Organic Farming in California (University of California Press) en 2004 (2nd edition 2014), et Weighing In : Obesity, Food Justice, and the Limits of Capitalism (UC Press) en 2011.

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  • La Vie des Idées : Imaginations historiennes par Rémy Besson

    L’imagination est-elle une ressource ou une menace pour l’écriture de l’histoire ? Indéniable outil de connaissance, elle permet surtout de faire le lien avec d’autres mises en présence du passé, comme le roman, le cinéma ou les séries télévisées.

    Recensé : Marie Panter, Pascale Mounier, Monica Martinat et Matthieu Devigne (dir.), Imagination et Histoire : enjeux contemporains, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014. 328 p., 20 €.

    Croisant les approches historiennes, littéraires et cinématographiques, l’ouvrage collectif Imagination et Histoire cherche autant à faire le point sur les très nombreuses réflexions épistémologiques qui traversent la discipline depuis la fin des années 1970, qu’à les renouveler. Évitant de revenir frontalement sur des problématiques liées à la mise en intrigue du passé, au rapport à la fiction ou à la falsification de l’histoire [1], il a pour principale originalité de placer au centre de l’investigation le rapport à l’imagination [2]. Celle-ci est tour à tour considérée comme une propriété intrinsèquement liée à l’écriture historienne de l’histoire ou comme une capacité propre aux réalisateurs, metteurs en scène, écrivains et autres artistes, qui expriment un point de vue sur le passé. Tout à la fois ressource et menace pour le chercheur, l’imagination permet aux auteurs ici réunis de poser à nouveaux frais la question des usages culturels et politiques du passé, en menant une série d’études de cas portant principalement sur des films et des romans, mais aussi sur des pièces de théâtre et des expositions.

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  • La Vie des Idées - Les ouvriers, pionniers de la malbouffe ?

    Comment les classes laborieuses ont-elles vécu le passage de l’alimentation rurale à l’alimentation de l’ère industrielle ? Plutôt qu’une mutation dommageable, Kathleen L. Turner met en avant la variété de stratégies adoptées par les individus pour faire face à la place prise par l’industrie dans leur alimentation et de leurs existences.

    Recensé : Katherine Leonard Turner, How the Other Half Ate : A History of Working Class Meals at the Turn of the Century, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 2014, 201 p.

    Au delà des effets de mode intellectuelle, l’effervescence des Food Studies est révélatrice de profondes inquiétudes en Amérique du Nord et en Europe [1]. Comme souvent en temps de crise, l’alimentation devient un objet de cristallisation des peurs sociales et le livre de Katherine Leonard Turner, issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2008 à l’université du Delaware, est un bon témoignage de l’évolution qui a conduit la question alimentaire des milieux militants aux cercles universitaires en passant par une large diffusion dans la société [2]. Travailler sur « les repas de la classe laborieuse au tournant du siècle » permet à l’auteur de revenir sur un moment sensible de l’histoire des États-Unis, celui de l’industrialisation, de la fin de la Frontière et de la naissance d’une nation, mais surtout d’éclairer ce qu’elle considère comme un moment clé de basculement vers les excès du présent. Ce livre, écrit dans une langue simple et agréable, destiné à sortir des cercles académiques, ne cesse de prendre son lecteur à témoin, de manière parfois naïve, pour qu’il mesure les distances parcourues et les échos d’une période révolue. Katherine Turner entend faire la preuve que la question alimentaire n’est pas triviale et qu’elle est révélatrice, comme les anthropologues et les sociologues l’ont montré depuis longtemps, des structures et des contradictions d’une société (Claude Lévi-Strauss), des hiérarchies et des rapports de classe (Jack Goody) et, plus largement, des logiques sociales de distinction (Pierre Bourdieu), de domination et de résistance, de coopération et d’affrontement, ce qui mérite évidemment examen dans notre monde actuel

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  • La Vie des Idées - Quelles sont les limites de la liberté d’expression ? par Jean-Fabien Spitz

    le 10 février

    Le philosophe américain J. Waldron voudrait que les propos haineux soient réprimés aux États-Unis, parce qu’ils constituent un tort indéniable. Il faut donc selon lui restreindre la liberté d’expression. Mais est-ce la bonne manière d’établir fermement nos idéaux d’égale dignité et de laïcité ?

    À propos de : Jeremy Waldron, The Harm of Hate Speech, Cambridge, Harvard University Press, 2012, 304 p., $26, 95.
     
    Seuls parmi les grands pays de tradition démocratique, les États-Unis accordent à la liberté d’expression et de la presse une extension qui va jusqu’au point où son exercice présente un danger clair et imminent de violence pour les personnes ou de trouble à l’ordre public [1]. La jurisprudence contemporaine – même s’il y a quelques précédents en sens contraire – conduit en effet la Cour suprême a interpréter le premier amendement de la constitution (« Le congrès ne fera aucune loi… pour limiter la liberté d’expression, ou de la presse ») comme accordant à la liberté de parole et de presse une protection qui inclut les propos haineux (hate speech) à l’égard de minorités ethniques ou religieuses. Il est donc permis d’insulter ou de manifester son mépris – par la parole ou par l’image – à l’égard de ces minorités aussi longtemps que cette manifestation ne comporte pas le risque immédiat de déboucher sur des violences réelles ou des actes effectifs de discrimination
     
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  • La Vie des Idées - Deux communautés, un destin par Abdellali Hajjat & Nonna Mayer

    le 9 février

    Le livre de Maud Mandel sur les juifs et musulmans en France montre la nécessité d’aborder antisémitisme et islamophobie comme des phénomènes liés l’un à l’autre dans notre société depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Abdellali Hajjat et Nonna Mayer en proposent une lecture croisée.

    Maud S. Mandel, Muslims and Jews in France. History of a Conflict, Princeton, PUP, 2014, 272 p.

    Abdellali Hajjat :

    La grande originalité du livre du Maud S. Mandel est de proposer, contrairement à ce que laisse penser le sous-titre, une histoire relationnelle des musulmans et juifs en France sur une période assez longue (années 1940 – années 1990), à la fois en métropole et dans les (ex-) colonies françaises. Ce défi, largement réussi, oblige à réaliser une analyse, à la fois locale et nationale, diachronique et synchronique, des relations entre différents types d’acteurs sociaux aux intérêts différenciés : organisations « juives » et « musulmanes », populations « musulmanes » et « juives », autorités politiques françaises nationales et locales (notamment marseillaises) et acteurs internationaux (mouvements sionistes, mouvements palestiniens, États nouvellement indépendants). Ce livre se situe ainsi à la croisée de l’histoire des juifs et des musulmans en France, de l’histoire coloniale et post-coloniale et de l’histoire politique française.

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  • La Vie des idées - Une sociologie des normes diététiques est-elle possible ? par Claude Grignon

    le 27 janvier

     

    Les normes de diététique et d’hygiène sont une cible de choix pour la critique sociologique, qui s’emploie à les relativiser et à en dénoncer l’arbitraire. Elle peut aussi étudier les conditions de leur production et de leur réception, estimer leurs chances de succès auprès des différents groupes sociaux, en prenant appui sur l’étude sociologique des pathologies que ces normes combattent, surpoids et obésité.

    J’ai été confronté aux risques épistémologiques du métier de sociologue dès mes premiers travaux, sur l’enseignement technique. Plus je poussais la critique sociologique, plus j’essayais de réduire des savoirs et des normes relatifs à l’action sur les choses à leurs aspects arbitraires et à leurs fonctions sociales, et plus je risquais de manquer ce qui fait la spécificité de cet enseignement par rapport à l’enseignement dominant (général, supérieur et littéraire), à propos duquel avaient été conçus les notions et les schèmes explicatifs que je m’efforçais de lui appliquer. C’est ainsi que j’ai commencé à prendre conscience des déficits descriptifs et explicatifs auxquels se condamne la sociologie la plus exigeante, la plus ambitieuse, la plus soucieuse d’étendre sa capacité et son pouvoir d’explication, bref la plus sociologisante, quand elle cède à un sociologisme qui ignore par principe les composantes extra-sociales (techniques, biologiques, physiques, etc.) des faits sociaux. Les recherches que j’ai menées ensuite, avec Christiane Grignon, sur l’alimentation m’ont posé le même problème. Élaboré par et pour l’étude de la culture savante (sociologie de l’éducation, sociologie de l’art), l’appareil théorique dont nous disposions ne permettait pas de rendre compte de la diversité des modes de vie, des savoirs faire et des savoirs vivre populaires [1]. Le constat des inégalités devant la culture peut conduire à ne voir dans les cultures populaires que des cultures dominées, qu’on ne peut décrire que par référence aux cultures dominantes, c’est-à-dire par défaut, comme des manques. J’ai été ainsi amené à décrire et à caractériser, avec Jean-Claude Passeron, la dérive légitimiste dont la critique sociologique de l’ordre social est menacée

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  • La vie des idées : Politique économique et inégalités en Allemagne

    En Allemagne, « l’effet Piketty » se fait sentir dans de nombreux secteurs avant même la sortie de la version allemande, et ses défenseurs comme ses opposants s’appuient sur ses travaux pour nourrir le débat public autour de la réduction des inégalités et de la redistribution publique. Texte publié en partenariat avec la revue Public Books.

    Le débat sur les inégalités en contexte allemand

    En Allemagne, l’adoption de la loi de 1967 pour la promotion de la stabilité et de la croissance [Stability and Growth Act] a marqué le début d’une courte période de politique économique orientée vers la demande, qui reposait principalement sur une politique de négociation collective fondée sur la solidarité et l’égalisation des salaires. Les crises pétrolières des années 1970 et la forte hausse du chômage qui en est issue ont entraîné un changement de cap en faveur d’une politique économique tournée vers l’offre, dont les objectifs étaient d’augmenter la compétitivité internationale et de réduire le chômage. La priorité fut alors donnée à la baisse des coûts comparatifs du travail, rendue possible grâce à la modération salariale, la dérégulation du marché du travail et la réduction des coûts non salariaux du travail. Les normes de négociation collective étaient considérées comme des facteurs freinant le développement économique (Traxler 2002). Jusqu’au déclenchement de la crise économique et financière mondiale, cette approche a été dominante dans les secteurs politique et économique.

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  • La Vie des Idées - Faut-il en finir avec les notes ?

    La notation des élèves est de plus en plus contestée, notamment par les chercheurs. Pierre Merle fait une synthèse des conclusions de ces travaux au moment où les institutions s’emparent de la question et propose des pistes pour renouveler les pratiques d’évaluation des élèves.

    Prévue pour la fin de l’année 2014, la Conférence nationale sur l’évaluation des élèves a « pour mission d’élaborer des recommandations sur l’évolution du système d’évaluation des élèves ». Depuis plus d’un demi-siècle, des chercheurs de différentes disciplines ont mené des centaines de recherches utiles aux réflexions menées sur les pratiques d’évaluation des élèves. Cette contribution présentera d’abord un certain nombre de conclusions scientifiques avérés et proposera des changements souhaitables, eu égard aux résultats de la recherche.

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  • La Vie des Idées - La valeur travail au prisme des générations

    La montée d’un ethos contemporain du travail fondé sur l’épanouissement professionnel entre en contradiction avec les conditions concrètes du travail et de l’emploi. D. Méda et P. Vendramin invitent à repenser nos modèles d’organisation du travail, de gouvernance des entreprises et de progrès social.

    Recensé : Dominique Méda et Patricia Vendramin, Réinventer le travail. Paris, Puf, coll. Le lien social, 2013, 258 p., 19, 50 €.

    Prenant appui sur un projet de recherche mobilisant une trentaine de sociologues, d’économistes et de psychologues de six pays européens [1], Dominique Méda et Patricia Vendramin font converger dans un même volume deux grands thèmes de recherche en sciences sociales : l’évolution des rapports au travail et les dynamiques des générations. Si la tâche peut paraître ardue, elles prennent appui sur leurs travaux précédents, notamment l’incontournable Le travail, une valeur en voie de disparition ?, publié par Dominique Méda en 1995 [2]. Le premier chapitre, consacré aux grandes étapes historiques de la valorisation du travail, reprend ainsi une thèse stimulante du livre, selon laquelle trois significations radicalement différentes se sont progressivement superposées, entretenant ainsi la polysémie du terme « travail ».

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  • La Vie des Idées - Une France contre l’autre ?

    Pour Ch. Guilluy, il y a deux France : la France des métropoles, où les opportunités sont grandes, et la France périphérique des villages, où les populations ont le sentiment d’être ignorées et délaissées par les politiques publiques. L’opposition a fait couler beaucoup d’encre. Elle est très largement discutable, sans doute plus idéologique que scientifique.

    Recensé : Christophe Guilluy, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, 2014, 192 p., 18 €. On trouvera toutes les notes et références de ce compte rendu dans le PDF joint.

    L’ouvrage de Christophe Guilluy, La France Périphérique, a rencontré un important écho médiatique . Avant même la parution du livre, Marianne lui consacrait sa une en titrant « Les vraies fractures françaises » . Quelques jours plus tard, Libération lui consacrait quatre pages et le plus gros titre de sa une avec « Classes populaires. Le livre qui accuse la gauche ». L’éditorial de Laurent Joffrin s’ouvrait par ses mots « Voilà un livre que toute la gauche doit lire d’urgence » . Il faut dire que Christophe Guilluy n’en était pas à son coup d’essai. Déjà, en 2010, il avait marqué les esprits avec Fractures françaises, ouvrage qui avait fait beaucoup parlé de lui au moment de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Entre autres choses, cet ouvrage aurait été consulté par des conseillers de François Hollande et avait valu à son auteur d’échanger par deux fois avec Nicolas Sarkozy .

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  • La Vie des Idées - 1914-1918 : la mémoire ou l’oubli ? Entretien avec Nicolas Offenstadt

    Acteur de la commémoration de la Grande Guerre, l’historien Nicolas Offenstadt revient pour la Vie des idées sur le travail qui est pour lui celui de l’intellectuel spécifique : introduire une référence historienne dans un espace public saturé d’activisme mémoriel.

    Nicolas Offenstadt, est maître de conférences habilité à diriger des recherches (HDR) à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne. Il travaille à la fois sur la Grande Guerre et ses mémoires et sur les pratiques politiques à l’époque de la Guerre de Cent ans. Il est en charge du cours d’historiographie à l’Université de Paris I et en a tiré L’Historiographie (PUF, Que-Sais-Je, 2011). Parmi ses publications récentes, La Grande Guerre. Carnet du centenaire, Paris, Albin Michel (avec André Loez) et En place publique. Jean de Gascogne, crieur au XVe siècle (Stock).

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